1944-1953 L'ascension

Durant l'hiver 1944, on espère la fin de la guerre. Quand ? Pour les gens de Tavaux, l'occupation a fini le 9 septembre, après le cauchemar du 14 août.
Pour que les allemands ne prennent les instruments (ils raflaient le cuivre), Marius Daubigney a caché chez Louis Mâle l'essentiel des instruments de la société. Mais le 14 août 1944, c'est le bombardement. A 11h00, il fait grand soleil, dans le ciel bleu des avions, beaucoup d'avions, 100 ? 150 ? à 11 h 15 environ, les bombes tombent, la maison Mâle est détruite, les instruments de La Fraternelle avec. A Tavaux, 5 morts, 70 maisons détruites.
Il va falloir recommencer. Dans l'hiver 1944, on reprend en mains les élèves. En février, on recommence les répétitions. Cela se précise de plus en plus... la victoire approche... le 8 mai 1945, c'est l'explosion... de joie.
La Fraternelle a, pour fonctionner, les instruments personnels des meilleurs musiciens. Ce n'est pas négligeable. On emprunte des instruments à Champvans, on en loue à l'harmonie Doloise et ailleurs, on mobilise les quelques cuivres, très médiocres, qu'on avait laissé en mairie comme appât.
Bref les 8 et 9 mai, La Fraternelle est le point central des réjouissances :
- du défilé incroyable qui comprend tous les enfants des écoles, pompiers, combattants, résistants, l'USTD et bien d'autres. C'est une masse tricolore qui vient au monument où La Frat joue sonnerie, Marseillaise et marches d'allégresse.
- de la fête quasi improvisée au stade des cités l'après midi du 8 mai.
- des bals qui vont durer jusqu'au 3ème jour au matin du 11 mai.
Mais après la fête, il faut revenir aux réalités. Les solutions de fortune ne peuvent pas durer longtemps. C'est dès avril que se constitue l'équipe qui va être le moteur de l'activité incroyable nécessaire au rééquipement de La Fraternelle.
Il y a bien sûr Louis Mâle. Pour la direction, pour prendre une part importante à la formation des élèves, et donner son appui pour le reste, il est là.
Le trio qui trouve les idées, les affines, imagine, organise, réalise, c'est :
- Marius Daubigney qui a l'expérience des fêtes PG,
- Paul Pétiard, son ami vite devenu secrétaire adjoint,
- René Meyer, toujours disponible, boute en train, intelligent, inventif et par surcroit excellent clairon-trompette. Il rend en main la clique tout en prenant une belle part dans l'organisation des fêtes.
Et l'ambiance, en 1945 / 53 ? Formidable. Les gens ont été privés, de tout. Ils aspirent à la joie. Ils veulent, les jeunes surtout, des fêtes, des bals, de la musique.
Le moment est opportun.

En 1945, on organise en plus des concerts, 9 bals entre le 15 mai et le 15 novembre. La première quinzaine de juin, on relance les membres honoraires.
Le 9 septembre dans les cours de Joliot Curie, on organise la première fête de la musique, calquée sur la fête PG de 1943 : des jeux, bal, buvette, tir, buffet, enveloppes surprises, quelques attractions. Dans la journée du 9 septembre, le bénéfice net est de 45000F, il y a 300 membres et 41 actifs.
1946 va commencer par deux deuils : Mr Arbez, Président, Mr Edmond Mâle porte drapeau disparaissent à quelques mois d'intervalles. La Fraternelle les accompagne. Louis Mâle perd son beau père, puis son père. Malgré sa peine, il ne s'éloigne pas longtemps de La Fraternelle qui a bien besoin de lui.
Mr Mercier devient Président. Officier retraité, natif de Tavaux, ancien musicien à La Frat dans sa jeunesse, ami de la Société, il est tout désigné. Mr Georges Desvignes, Directeur de l'école de la Cité, lui aussi, ami de la musique est désigné comme vice-président. A partir de mi 1946, les bals vont s'espacer. Ils commencent à rapporter moins. La fureur de danser se calme.
Deux grandes manifestations : la fête du 25 août (2ème fête de la musique) et la Ste Cécile. La grande fête va évoluer. Les jeux (boites, quilles, tir...) ont moins d'importance. Avec La Fraternelle, on a fait venir la société de musique de St Aubin, le groupe optimiste de Dole "on chante dans mon quartier" et l'USTD avec des mouvements gymniques. Un bal, un feu d'artifice attirent la grande foule. Résultat net de la journée 100 000F.

La Ste Cécile va être un triomphe le 7 décembre. Au cercle Solvay, il y a bal en l'honneur des membres honoraires qu'on a sollicité deux fois en 1946. On a racheté nombre d'instruments. Les élèves, nombreux, soumis à plusieurs cours par semaine, constituent déjà une musique autonome qui le 7 décembre devant plus de 1000 personnes jouera toute seule sur la scène. Il faut une demi-heure pour traverser la salle. Il y a 3 orchestres.

C'est, outre un bénéfice énorme de propagande, un bénéfice net de 13000 F alors que chaque membre honoraire bénéficie de deux entrées gratuites.
1948 Il faut dire un mot du secrétaire-trésorier. Despuis des années, il est sur la brèche à la chorale, à la musique, où il fait les cours de solfège, de cuivres et est la cheville ouvrière de bals, sorties, fêtes, manifestations. Depuis l'été 1947, il est très fatigué. En mars 1948, c'est la maladie grave, 18 mois d'arrêt. Le 8 mai 1948, on craint beaucoup. La Fraternelle, à l'issue de la cérémonie au monument vient défiler sous sa fenêtre de malade pour lui montrer son amitié. Tous les musiciens lui ont rendu visite. Cette petite histoire montre quelle atmosphère régnait à La Frat. Daubigney, d'ailleurs, dès qu'il le peut à partir de juillet, participe à nouveau et à distance, par lettre (il est en repos à La Planée près de Pontarlier) à l'organisation de la fête d'août 1948.

Les années suivantes verront La Fraternelle poursuivre son activité. En 1948 avec Arbois et la fête du 29 août. En 1949 avec souscription tombola, une fête le 9 juillet, une autre le 6 août plus la participation à la fête départementale des écoles laïques. En 1950/51 avec des séances théatrales, une fête en juillet.

Le rythme est encore considérable mais les circonstances sont moins favorables, et l'effectif a décanté. De 93 sur les rangs à la fête des fleurs de Dole en mai 1948, l'effectif est de 80 au festival de Chalon en 1949. Cette sortie fatigue les anciens, qui ont fait au moins 5 kms de défilé pour un accueil officiel le moins que l'on puisse dire est qu'il a été lamentable. En fin 1949, l'effectif est de l'ordre de 60, une dizaine d'ancien et des jeunes sont soit démissionnaires, soit au régiment.
Enfin, il est de 45 en 1951. Des efforts sérieux ont été faits pour la présentation, insignes, chemises blanches, flammes, baudriers, gants pour la clique. Beaucoup d'instruments ont été rachetés. Il faut cependant relancer.
En 1953, La Fraternelle qui va fêter son 75 anniversaire, va connaître des deuils. Jean Dupré, 17 ans, décède brutalement vers Carnaval. Peu après, le chef Louis Mâle est à son tour frappé. Depuis plusieurs années sa plus jeune fille et les siens connaissent une terrible épreuve. elle nous quitte à 20 ans.

Et malgré tout, Louis Mâle, dans les chagrins de ces années cruelles, n'a pas abandonné. Puis c'est Claude Weyh, 19 ans, qui part à son tour et toujours en 1953, Georges Truchot.
1953 Marius Daubigney reste secrétaire, mais Marcel Bannelier devient trésorier. C'est nécessaire : Pétiard a quitté Tavaux et il faut organiser le 75ème anniversaire. Après un grand bal le 14 mars, les sorties à Bletterans, fête des fleurs et à Port Lesney, les fêtes du 75ème anniversaire seront les dernières de la série. L'année finit avec 290 membres honoraires, 55 éxécutants et une subvention de 90000F. La fête du 75ème anniversaire les 6 et 7 juin 1953 est aussi le congrès fédéral. On a le concours du Pélican d'Arbois, du C.L.D, de l'harmonie de Champagnole, des écoles (Pasteur et Joliot Curie), de la musique de Chaussin.
La fête avec une recette de 528000F brut va laisser 178000F net. Elle se déroule Ecole Pasteur en soirée. A 3h00 du matin, on déplace par camion le matériel de sonorisation, les buvettes, les sièges, pour les remonter, comme les cirques, à Joliot Curie au petit matin. La Frat est sur les rangs à 8h15. Une douzaine de musiciens ont passé la nuit sans dormir.

1954

Deux événements vont marquer l'année :
- La naissance des petits tambours
- La subvention Solvay.

La société participe au carnaval de Damparis, à la fête des écoles à Arbois, à la fête des fleurs de Morez, à une fête à Poligny. Partout, c'est le succès.
En tête les 24 petits tambours attirent la foule. C'est nouveau. Et la société avec eux, est impressionnante. Effectif : 84, impeccable, en tenue, en alignement.
A Arbois, le matin, on chuchote : "Ah, naturellement, c'est la musique Solvay" Daubigney n'est pas très content, plusieurs fois, il rétablit la vérité : La Frat n'est même pas municipale.

 Le lendemain, Mr Bellorgey (directeur Solvay) a parcouru la presse et dit à Daubigney "alors, vous êtes content, vous avez eu du succès; qu'ont dit les gens d'Arbois ?"
"Les gens d'Arbois ont dit que c'était bien mais pas étonnant puisque c'est la musique Solvay. Cela ne me fait rien qu'ils le disent, mais je voudrais bien que ce soit un peu vrai". Mr Bellorgey comprend vite. Il sourit et me dit : "Et Bien, dès cette année, vous pouvez prélever 200 000F (300 EUR) à la caisse, chaque année. Qui était content ?

Il est difficile d'après les livres où les données sont globales de donner de larges précisions sur les années suivantes.
Ce que nous savons, c'est que le 26 janvier 1956, Mr Mercier qui a pris de l'âge donne sa démission. Il est de suite désigné comme Président d'honneur.Marius Daubigney est élu à l'unanimité moins 1 voix, Président de la Fraternelle. L'état major est réélu : Louis Mâle chef et Roy-Humblot sous-chef, René Meyer reste chef de clique. Marcel Bannelier trésorier et au comité Albert Enoc, Jean Paul Nodot, Jean Chenevoy, G Rousseau, René Simon, Léon Mâle, J Chauderon, Ch Maillier. En 1956, Bletterans recoit à nouveau La Fraternelle; on organise le car de ramassage et on lance à l'Avenue (le cinéma) et à Damparis les concerts films. En 1958, c'est à St Germain du Bois que le Frat se produit et en 1959, à Chaussin à une fête du stade.
Tout cela n'exclut pas les concerts d'été et d'hiver, les participations à Damparis qui sont entrées dans la norme.

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