Isidore Danjean est un commerçant en grain. Il habite Rue de Molay. Il a quelques aides salariés, mais son affaire est relativement modeste. Il est marié, sans enfant et très attaché à La Fraternelle. On le choisit comme chef en 1904.
Il va suivre la ligne tracée. Il a comme sous-chef, un excellent piston : Paul Courcenet.
Bon directeur, à la calme autorité naturelle, il fait faire des progrès notables dans la discipline, la présentation, l'éxécution.
Une vieille photo montre le groupe, avec la pantalon blanc, la veste sombre et comme coiffure le... canotier, qui constitue probablement le premier uniforme.
Le 15 et16 août 1907 à Dijon, La Fraternelle se présente parmi les 98 sociétés de musique qui participent au concours international. La Fraternelle, classée en 3ème section 3ème division obtient un 2ème prix d'éxécution et un 2ème prix de lecture à vue.
Vers 1911 ou 1912, on manque de précisions, La Fraternelle apparait avec un uniforme nouveau dont beaucoup de contemporains peuvent de souvenir : Veste careuse (on dirait aujourd'hui veste MAO) à grand col, pantalon bleu marine à large bande bleu ciel, casquette classique.
La guerre de 1914 va arrêter toute activité qui ne reprendra qu'à l'automne 1919. Ce n'est pas commode, on s'en doute. Il y a encore 15 ou 16 musiciens, plus 4 ou 5 clairons. Parmi eux, et heureusement, on retrouve le chef Isidore Danjean, le sous chef Paul Courcenet, le chevronné et très bon musicien Albert Enoc, Augustin Mâle le secrétaire trésorier. Mr Lullier, secrétaire de mairie, est Président. Les cadres sont là, ils raniment les bonnes volontés et La Fraternelle repart.
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Dès cet hiver 1919/1920, les cours de solfège réunissent 24 jeunes gens. Parmi eux, Louis Mâle.
Un fait mérite d'être signalé. Jules Daubigney est un vétéran de La Fraternelle. Il est revenu de la guerre avec l'avant bras droit en moins. Pour reprendre sa place à La Fraternelle, il apprend à jouer de la main gauche. Basse Sib à 4 pistons, très bon musicien il sera sur les rangs, ne manquant jamais une répétition jusqu'à 1940. Il est décédé en 1941.
Il faut aussi parler des traditions.Il y a toujours concert et bal de Ste Cécile, concert pour Pâques, concert l'après midi de la fête patronale; à l'origine, sur le lieu même de la fête foraine puis sur la place St Gervais.
Les musiciens jouent debout, en cercle, le chef au milieu. Quand la société défile, les gros cuivres sont en tête, derrière les clairons.
L'été, il n'est pas rare de voir un dizaine de badauds, supporters, sur les escaliers de la salle de répétition. On vient écouter la répétition mais aussi "la regarder"...
Mais revenons à la reprise. La musique participe en avril 1923 à l'inauguration du monument aux morts. Mais les jeunes ne sont pas encore sur les rangs. Cette inauguration est un événement et peut-être faut il en donner une idée :
"La fête a été précédée d'une longue période de préparation (plusieurs mois). Les écoles et les jeunes filles ont fait des montagnes de fleurs en papier, les jeunes gens sont allés au bois ramasser des voitures de mousse, on a fabriqué des guirlandes (très belles) piquées de fleurs, des centaines et des centaines de mètres. La facade de la mairie, alors au groupe Joliot Curie, est illuminée par des guirlandes d'ampoules multicolores. La poste aussi, les grilles garnies de guirlandes. Sur la place, il y a encore de de très grands maronniers, une coupe de guirlandes posées très haut, bien régulières, se réunissent au pied de la coupe pour supporter une immense croix de guerre qui est ainsi suspendue juste au dessus du monument lui même. Toute la rue Nationale est décorée : poteaux, écussons, drapeaux, guirlandes. Une estrade décorée est prévue pour la musique et les officiels. Musique, discours, émotion, chants par les enfants des écoles... la foule. Le soir, un bal." (souvenir d'un 8 ans à l'époque).
Après cette cérémonie, les meilleurs élèves arrivent sur les rangs, puis de nouveaux cours reprennent.
Pour entrer, le droit d'entrée des nouveaux qu'on appelle "cotisation instrument" est de 200 F. C'est beaucoup. 7 ans plus tard, en 1928, le banquet de Ste Cécile ne coûtera que 20F.
1923, c'est aussi l'année ou Monsieur Flavien Arbez, commerce de vins, devient Président en remplacement de Lullier.
Le président souriant, remplira sa tâche à la perfection, avec discrétion, représentant La Fraternelle ici et là, présent aux grandes répétitions, sans défaillance, jusqu'en 1946.
Les effectifs de 1919 à 1927 montent rapidement surtout à partir de 1921 (automne). On voit apparaître la clarinette (une en 1922) et deux saxophones pour la première fois(1923). En 1923 et 1924, La Fraternelle organise des séances théatrales.
Vers 1924, à la clique, des musiciens servant dans la cavalerie ont appris la trompette. Avantage : il jouent comme musiciens aux concerts et de la trompette de cavalerie en défilé. Wagram, Michel Strogoff deviennent des succès de la société.
La Fraternelle, heureuse, forte, aimée par Tavaux, enviée par les environs, va de temps en temps en sortie, notamment à Dole et au carnaval de Châlon. Et elle défile allègrement de la salle de répétition à la gare, à l'aller et au retour. Car on prend le train, à cette époque, pour tout déplacement.
En 1926, en novembre, 8 jours avant la Ste Cécile, un dimanche matin, une nouvelle consternante se répand : Isidore Danjean est mort. Son ami, Augusin Mâle lui avait succédé comme maire en 1921. A la musique, Paul Courcenet, sous chef, devient chef.
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